Dans le rétro : petite histoire des agences matrimoniales

C’est en 1825 qu’apparaissent officiellement les premières agences matrimoniales en France. Aujourd’hui, si les Français se rencontrent le plus souvent sur Internet, elles résistent toujours et connaissent même un regain depuis 2015. Mais depuis quand existent-elles réellement ? Rétrospective…
Un service plus que millénaire

Le juriste, Philippe Viudes, fait remonter les agences matrimoniales à l’antiquité grecque où le courtier matrimonial bénéficiait d’une certaine notoriété : il était celui qui permettait les mariages, assurait donc le fondement même de la famille et de la religion. Le monde romain, en se christianisant, jeta le doute sur la profession qu’il considérait comme l’un des principaux responsables de la décadence des mœurs. Pendant les siècles qui suivirent, le recours à cette profession resta marginal.

Si en France, le courtage matrimonial a longtemps été entre les mains de marieuses et d’entremetteurs, c’est en ville, sous l’Ancien Régime, qu’ils s’organisèrent en agences matrimoniales au sein « d’agences d’affaires » qui proposaient une large gamme de services dont celui d’organiser des rencontres. Ce n’est qu’en 1825 que M. de Foy, qui jouissait d’une excellente réputation, créa la première agence strictement matrimoniale. La démarche était simple : il suffisait de s’inscrire sur des registres. Les hommes y indiquaient leur identité, leur lieu de résidence, précisaient leur état de santé et le montant de leurs biens. Le registre des femmes était moins détaillé : âge, profession et fortune du père, titres et compétences éventuelles, dot ou espérances (héritage). Cela étant fait, on laissait agir le directeur qui « connaît, par ses affidés, les relations de la femme qu’il veut enrôler sous la bannière conjugale. Il connaît les salons où elle va, les soirées où elle danse ; il peut donc piloter le prétendant sur un océan dont les parages lui sont familiers ». Il ne faisait rien payer d’avance, mais, si le mariage aboutissait, il se réservait 5 % de la dot.
Jusqu’en 1870, les agences matrimoniales se développèrent lentement. Mais à partir de la belle époque, elles connurent une envolée spectaculaire. Quel que soit leur style, agences élégantes ou officines misérables, toutes étaient des entreprises commerciales qui payaient une patente et relevaient des tribunaux de commerce. L’explosion de la presse tout au long du XIX è siècle permit aux revues spécialisées dans le domaine de se développer. La plupart des agences diffusaient dans les hôtels, les villes d’eaux et les grandes capitales leurs propres feuilles, comme le journal des familles, l’Hyménée ou les mariages honnêtes. On consultait volontiers les petites annonces du Figaro, du journal ou du Chasseur Français pour y trouver l’âme sœur ou un parti intéressant.

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